Comment vous est venue l’idée de ce concept ?
J’ai été avocat d’affaires pendant 22 ans, et j’étais plutôt convaincu que cela suffirait à remplir ma biographie… jusqu’à une nuit d’août 2023, où je me suis retrouvé dans un débat enflammé avec mon meilleur ami à propos de l’avenir de l’intelligence artificielle. Il était persuadé que l’IA marquait la fin de toute bonté et de toute individualité humaine, et que nous étions condamnés à devenir des zombies. Bref, c’était la fin.
J’en avais assez entendu et je lui ai gentiment demandé de se taire (avec amour), tout en défendant l’humanité. Selon moi, nous sommes faits d’une matière bien plus résistante qu’il ne le pense. Et même si l’IA provoquait l’apocalypse, même si cela touchait toutes les personnalités humaines… même si cela arrivait au Breakfast Club, et qu’ils avaient les pires jobs du monde — genre, bosser dans la logistique en banlieue d’Omaha, Nebraska — eh bien même dans ce cas, ils choisiraient quand même de faire le bien.
J’étais tellement sûr de moi que j’ai écrit toute mon argumentation dans l’application Notes de mon téléphone pour pouvoir la lire le lendemain matin au petit-déjeuner. Je l’ai fait, ils m’ont écouté, et ils m’ont dit que non seulement j’avais raison, mais qu’en plus c’était hilarant et que je devais absolument en faire un film. Dix semaines plus tard, j’avais terminé mon tout premier scénario, qui a depuis remporté plus de 130 prix à l’international.
Qu’aimeriez-vous que le public retienne de cette histoire ?
Que l’humanité, peu importe son archétype, son statut ou son passé, même face à l’oubli, peut encore choisir de faire ce qui est juste. C’est dans notre nature.
Le scénario aborde de nombreux enjeux réels : l’IA, le Covid, le terrorisme, la religion… Avez-vous trouvé cela difficile à intégrer dans un seul script ?
À l’origine, le scénario était plus long et j’ai dû en couper une partie.
Le nombre de thèmes abordés m’a d’ailleurs inspiré à créer l’anthologie The Parables, et à développer quatre films.
Tous ces sujets sont devenus des bouleversements majeurs. Pensez-vous que l’humanité est capable d’y faire face ?
Oui. L’humanité est bien plus forte que ce que nous pensons.
À quels films compareriez-vous ce projet ?
Il y a un éventail assez large… On y retrouve des éléments de Don’t Look Up ainsi que de certains épisodes de Black Mirror.
Travaillez-vous sur d’autres projets actuellement ?
J’ai terminé en novembre Mecca, le préquel de Good et deuxième volet de The Parables.
Je vais bientôt commencer à travailler sur Hi – Part 1, le dernier chapitre de l’anthologie.
Quelle est votre vision du cinéma post-Covid ?
Le cinéma post-Covid est bien plus libre.
Tout comme nous avons tous eu le temps de réfléchir, de nous recentrer, et de mieux cerner qui nous sommes et ce que nous voulons, le cinéma en est ressorti enrichi, plus audacieux, prêt à aller plus loin pour exprimer l’âme humaine.
Des films comme Everything, Everywhere, All at Once, l’audacieux Barbie, ou encore Vice-Versa qui touche à l’universel, montrent bien que le cinéma ose désormais nous inviter à plonger plus profondément en nous-mêmes — et à savourer non seulement ce qu’il y a sur l’écran, mais tout ce qui nous relie à travers cette expérience partagée.
Et franchement, je ne pourrais pas être plus heureux de cette évolution. J’espère simplement pouvoir y contribuer, à ma manière.
BIO
Biographie de Monte Albers de Leon
Monte Albers de Leon est né en 1977 d’une mère immigrée guatémaltèque et d’un père texan issu de la classe ouvrière. Leurs chemins se sont croisés lors d’une soirée pour célibataires à Twin Peaks, San Francisco, après leurs divorces respectifs. Monte a grandi dans les collines rurales près de Napa, en Californie, avant de partir à 18 ans pour obtenir un diplôme à Claremont McKenna College, un doctorat en droit à Harvard et un master en immobilier à NYU.
Il a suivi le parcours classique en intégrant un grand cabinet juridique pendant une décennie, puis a fondé sa propre étude qu’il a dirigée pendant 12 ans.
Monte pensait que sa biographie s’arrêterait là. Jusqu’à une nuit agitée, une discussion philosophique passionnée, quelques notes griffonnées sur iOS, une rencontre avec Final Draft… et GOOD est né. Sa carrière juridique de 22 ans s’est alors terminée de manière soudaine, universelle et inattendue (oui, même lui en a été surpris).
Et Monte n’en est que plus heureux.*
*On précisera aussi que la famille de Monte produit une délicieuse huile d’olive, qu’il est marié, père de deux beaux garçons, et qu’il passe ses étés dans les Hamptons.
