Interview avec Susan Mey Lee Lim, réalisatrice, productrice et parolière de « Synthetic Me »

Susan Mey Lee Lim, merci de vous adresser à nous aujourd’hui. Nous sommes heureux de vous accueillir de nouveau, et nous vous félicitons d’avoir remporté le prix Best Musical Film du meilleur film musical au World Film Festival in Cannes. Après avoir récolté tant de prix pour Alan’s Song, vous êtes de retour avec un nouveau thème et une nouvelle histoire : « Un jouet en peluche inanimé appartenant à un adolescent étudiant en médecine (…) est parfaitement conscient du temps qui passe (…), alors que l’adolescent s’est épanoui et est devenu un jeune adulte, presque un médecin. Alors qu’il est exposé à la nouvelle science de l’ADN synthétique dans le programme d’études de son partenaire, il commence à désirer les éléments nécessaires pour rajeunir sa forme, avec un rêve, un désir, une supplication, « quelqu’un peut-il s’il vous plaît fabriquer un tout nouveau moi !  » » Que se passe-t-il lorsque le médecin humain commence à vieillir ?

C’est une question passionnante ! Mais bien sûr, si les progrès de la thérapie génique, des cellules souches et de la biologie synthétique permettront des avancées significatives en matière de réparation et de régénération, l’inversion du vieillissement ou l’immortalité semblent pour l’instant relever du domaine de la science-fiction, en raison de la complexité intrinsèque et de la nature imprévisible des systèmes biologiques. Ainsi, si la peluche inanimée peut atteindre l’immortalité, son partenaire humain finira par succomber…

Pouvez-vous expliquer aux néophytes que nous sommes le principe de l’ADN synthétique en termes simples !

L’ADN synthétique ou artificiel est créé par des scientifiques en laboratoire, par opposition à l’ADN naturel, le code de la vie, qui existe dans presque tous les êtres vivants sur terre. Tout comme l’intelligence artificielle n’est pas l’intelligence humaine, la vie synthétique créée à partir de l’ADN synthétique n’est pas la même que la vie biologique avec une histoire évolutive.

Dans notre interview du 28 juin 2022, nous vous demandions si vous pensiez que des robots associés à des compagnons inanimés pourraient apporter une solution à la solitude et à la détresse des personnes âgées. Cette fois, votre phrase « Will someone make a brand new me » va plus loin ! Elle résonne probablement chez ceux qui ont peur de vieillir, c’est-à-dire 99 % d’entre nous, Occidentaux ! Pensez-vous que l’ADN synthétique puisse à terme aider l’homme à trouver un antidote au vieillissement ?

Je suis absolument convaincue que les compagnons inanimés artificiellement intelligents seront d’une valeur inestimable et constitueront l’une des solutions à la solitude, en particulier dans une société vieillissante.
L’ADN synthétique, grâce à ses nombreuses applications dans le domaine de la découverte de médicaments, des biocarburants, du développement de vaccins, de l’expansion des techniques de thérapie génique et bien d’autres, peut certainement contribuer à retarder le vieillissement, même si, pour l’instant, un antidote au vieillissement est un objectif ambitieux…

Quels sont les 4 alphabets, et l’alphabet humain est-il remplacé par les 4 alphabets ?

Les 4 alphabets sont A T G C, les éléments constitutifs du code de la vie, qui existe dans presque toutes les espèces vivantes sur terre. Plus récemment, des molécules d’ADN synthétiques ont été mises au point, telles que S B P Z, qui, combinées au code de la vie sur Terre, donnent naissance à un code génétique élargi ATGC SBPZ, appelé ADN Hachimoji (8 lettres en japonais). Ces expériences, ainsi que d’autres, permettent d’imaginer et, espérons-le, d’identifier un jour des formes de vie extraterrestres dans le cadre de notre exploration au-delà de notre planète Terre.

L’IA et toutes les activités liées à l’intelligence artificielle ne risquent-elles pas de mettre en danger l’humanité en raison de l’empreinte carbone qu’elles génèrent et donc de leur impact sur l’environnement ? Qu’en pensez-vous ?

Les risques de l’intelligence artificielle sont nombreux et vont bien au-delà de son impact sur l’environnement. Espérons que, tant que les humains sont encore, pour le moment, aux commandes, nous pourrons naviguer et trouver des approches pour vivre en harmonie avec l’intelligence artificielle et les compagnons IA, ce qui, après tout, est le thème de ce court métrage d’animation, la fantaisie du compagnonnage entre l’humain et l’inanimé !

L’IA et toutes les activités liées à l’intelligence artificielle ne risquent-elles pas de mettre en danger l’humanité en raison de l’empreinte carbone qu’elles génèrent et donc de leur impact sur l’environnement ? Qu’en pensez-vous ?

Les risques de l’intelligence artificielle sont nombreux et vont bien au-delà de son impact sur l’environnement. Espérons que, tant que les humains sont encore, pour le moment, aux commandes, nous pourrons naviguer et trouver des approches pour vivre en harmonie avec l’intelligence artificielle et les compagnons IA, ce qui, après tout, est le thème de ce court métrage d’animation, la fantaisie du compagnonnage entre l’humain et l’inanimé !

Au Cadogan Hall de Londres, le pianiste Mark Bebbington et le Royal Philharmonic Orchestra interpréteront bientôt une version orchestrale de Synthetic DNA. Par ailleurs, les London Voices #LondonVoices chanteront le code de la vie pour célébrer le 70e anniversaire de la découverte de l’ADN par Watson et Crick. La chanson Synthetic DNA figure également sur l’album Lim Fantasy of Companionship for Piano and Orchestra. Vous avez mentionné ce projet dans votre précédente interview ! Alan’s Song était déjà une belle partition. La musique est-elle aussi importante que l’image dans vos œuvres ? Et avez-vous une date pour la représentation ?

La bande sonore a fait l’objet d’un travail minutieux, notamment pour la scène d’ouverture qui consiste en un hommage à Pierre de la part du cercle journalistique.

L’histoire d’ALAN est racontée par la musique et l’animation, toutes deux aussi puissantes l’une que l’autre pour communiquer avec le public.
Nous sommes ravis d’assister à la première britannique de Lim Fantasy of Companionship pour piano et orchestre, une pièce de 32 minutes, composée de 6 ACTS, qui raconte le voyage de la créature inanimée ALAN. Elle sera interprétée par le pianiste Mark Bebbington et le Royal Philharmonic Orchestra and London Voices, ainsi que par l’équipe de musiciens d’ALAN (chanteur, guitariste et bassiste) au Cadogan Hall, à Londres, le 5 juillet 2023. La célébration du code de vie A T G C, chantée par les 36 membres du chœur London Voices, au milieu de la représentation, constituera un moment fort. Par coïncidence, cela coïncide avec le 70e anniversaire de la découverte de l’ADN par Francis Crick et James Watson, qui a été récompensée par un prix Nobel. Alors c’est une excellente raison de faire la fête !

Dans votre dernière interview, vous avez déclaré que vous travailliez « également sur un long métrage consacré au fantasme du compagnonnage entre l’humain et l’inanimé (Fantasy of Companionship between Human and Inanimate) ». Avez-vous des nouvelles à ce sujet ? Y aura-t-il une suite ou d’autres projets connexes ?

En effet, nous travaillons sur un long métrage, Fantasy of Companionship between Human and Inanimate. Nous espérons qu’il sera prêt très bientôt, avant l’été 2023, pour le soumettre à votre festival de cinéma. Nous sommes également impatients de le présenter avec un orchestre en direct dans le cadre d’un ciné-concert, peu après la première britannique de la bande originale, le Lim Fantasy of Companionship for Piano and Orchestra au Cadogan Hall de Londres, le 5 juillet 2023.
Nous avons terminé l’enregistrement de la musique d’un nouveau voyage d’ALAN, dans l’espace, The Cosmic Rhapsody (Rhapsodie cosmique). L’animation n’en est encore qu’à ses débuts, et nous espérons publier la bande sonore dans le courant de l’année. C’est donc une « épopée passionnante pour ALAN !!! Merci au World Film Festival in Cannes pour cette interview !

©2024 Isabelle Rouault-Röhlich