Danni Ma. Bienvenue à cet entretien VIP avec le World Film Festival in Cannes. Parlez-nous de votre expérience de cheffe de la photographie pour le film Wings !
Née à Tianjin, en Chine, de peintre en herbe à directeur de la photographie renommée, mon parcours témoigne d’une évolution dans la pratique de mon art et d’une détermination inébranlable. À 17 ans, mon rêve était déjà limpide : devenir peintre. C’est une visite imprévue de l’exposition de William Kentridge qui a éveillé en moi une passion pour l’association des croquis et de la vidéo. À partir de là, je me suis inscrite au Sydney College of the Arts, et ai navigué en territoire inconnu, entre découverte de la vidéo expérimentale et théories de l’art contemporain.
Après l’obtention de son diplôme, mon grand intérêt pour les aspects techniques de la réalisation de films narratifs m’a tout naturellement conduite vers le cursus de cinéma et de télévision du SCAD aux États-Unis. C’est là que j’ai perfectionné mes compétences de la photographie en tant que cheffe opératrice.
Aujourd’hui, je me considère une professionnelle reconnue au sein du paysage cinématographique de Los Angeles. Mon travail capture l’essence des histoires, et j’utilise la lumière et l’ombre, comme si je peignais sur le grand écran. Mon parcours illustre le pouvoir de ceux qui poursuivent sans relâche leur rêve et de mon évolution en tant qu’artiste. Dans le domaine de la cinématographie, je cherche à mettre en œuvre ma vision en illuminant les récits grâce à un certain maniement de la lumière.
Votre biographie précise qu’à l’âge de 17 ans, vous aviez un rêve lié à la production d’images, tout d’abord en tant que peintre ! La découverte par hasard des œuvres de William Kentridge a eu pour effet de créer un pont entre le dessin et le cinéma alors que vous n’étiez encore qu’une artiste en herbe. Quelques années plus tard, vous faites désormais partie du paysage cinématographique de Los Angeles ! Parlez-nous de vous. Où vous situez-vous en 2023 ?
Début 2023, j’ai eu le privilège de travailler comme directrice de la photographie sur un long métrage. Depuis que je suis arrivée à Los Angeles en 2022, j’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreux cinéastes talentueux et de m’immerger dans une communauté de cinéastes dynamique. La ville est un paradis pour les cinéphiles, qui sont invités à de nombreux événements et aux projections des derniers films.
Qu’il s’agisse de se tenir au courant des dernières sorties de films ou de participer à des séances de questions-réponses avec les cinéastes, chaque expérience est idéale quand on aime le cinéma. Ces événements m’ont permis non seulement d’approfondir mes connaissances, mais aussi de nouer des relations intéressantes avec d’autres cinéastes. L’atmosphère de collaboration et la richesse des possibilités d’apprentissage font de ma vie à Los Angeles une constante expérience gratifiante et enrichissante.
Nous voyons que votre « travail capture l’essence des histoires, utilisant les ombres et les lumières », comme si vous réalisiez « une peinture sur le grand écran ». Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche de la lumière et de la photographie ?
En tant que directrice de la photographie, je considère que la composition, le cadrage et l’éclairage sont essentiels pour créer un cadre convaincant. Forte de mon expérience de cheffe éclairagiste, je considère l’éclairage comme un outil essentiel de la narration.
Pour le film « Wings », j’ai investi trois mois dans la préproduction, une durée inhabituelle pour un court métrage. Cela m’a donné tout le temps nécessaire pour faire des recherches méticuleuses et affiner mon approche visuelle. J’ai opté pour des éclairages naturels et très clairs, car je pensais que ce choix mettrait en valeur la narration, en particulier la jeune protagoniste et son ami oiseau.
Lorsque l’histoire arrive à son dénouement, notamment lorsque Nancy enterre l’oiseau, j’ai délibérément opté pour un système d’éclairage discret. Rehaussé par un coucher de soleil robuste servant de contre-jour puissant, j’ai cherché à créer un effet de quasi-silhouette. Ce choix était une stratégie visuelle délibérée pour souligner le côté sombre de la fin de l’histoire.
Dans l’équipe de Wings, les trois rôles clés, celui de productrice, de réalisatrice et de directrice de la photographie, sont détenus par des femmes. Quel est votre point de vue sur les femmes dans le cinéma ? Les choses ont-elles changé et des progrès ont-ils été accomplis depuis #Metoo pour briser ce plafond de verre ?
En tant que femme directrice de la photographie, je considère que j’ai la chance de ne pas avoir rencontré d’obstacles importants dûs au plafond de verre. Cependant, je remarque que le secteur est déséquilibré en termes de représentation des genres, avec plus d’hommes que de femmes. Il est encourageant de savoir que j’ai été approchée par des productrices qui s’emploient activement à constituer des équipes de production exclusivement féminines. Je trouve que cette initiative est vraiment stimulante et inspirante. La camaraderie des « filles qui aident les filles » est une tendance positive et bienvenue, et je suis enthousiaste à l’idée de contribuer et de soutenir les autres au sein de ce métier.
Vous avez une vingtaine d’années. Quels sont vos points de vue et vos impressions sur la génération alpha et sur son avenir ?
J’ai collaboré avec de nombreux actrices et acteurs de la génération Z et mon prochain projet s’adresse au public de la génération Alpha. Des recherches approfondies ont été menées pour comprendre leurs préférences en matière de supports cinématographiques. Sachant que chaque génération a ses propres préférences, je pense qu’il est essentiel, en tant que cinéaste, de s’informer en permanence sur les technologies et les formats cinématographiques les plus récents.
Avez-vous des projets à venir à partager avec nous ?
Durant l’année à venir, je participerai à la production d’une série web destinée à être diffusée en exclusivité en ligne. M’aventurer dans ce format est un défi nouveau et passionnant pour moi en tant que directrice de la photographie. Les derniers projets sur cette plateforme ont recueilli des millions de vues en ligne, ce qui me donne vraiment envie de participer à ce projet. Je suis enthousiaste à l’idée de me lancer, et à chercher activement à mettre en œuvre et à développer mes compétences déjà démontrées par le succès de mes précédents travaux dans ce même domaine.
Quelle est votre vision du cinéma post-Covid ? Une brève déclaration.
On peut imaginer que l’avenir du cinéma se trouve dans une tendance vers un rythme accéléré de diffusion, et des préférences de plus en plus prononcées des spectatrices et des spectateurs pour des écrans plus petits tels que la dimension téléviseur et les périphériques mobiles.
BIO
Biographie de Danni Ma
Danni Ma, née à Tianjin, en Chine. Le parcours de Danni Ma, de peintre aspirante à cinématographe renommée, est un témoignage de l’évolution artistique et de la détermination inébranlable. À 17 ans, le rêve de Danni était clair : devenir peintre. Une visite fortuite à l’exposition de William Kentridge a déclenché une passion pour la fusion de croquis et de vidéo. Ils ont alors osé l’aventure, s’inscrivant au Sydney College of the Arts, plongeant dans les vidéos expérimentales et les théories de l’art contemporain.
Après l’obtention de leur diplôme, la soif de Danni pour les aspects techniques du cinéma narratif les a menés au programme de cinéma et de télévision à SCAD en Amérique. Là, ils ont perfectionné leurs compétences en tant que directeur de la photographie, s’inspirant de grands de l’industrie comme John Seale.
Aujourd’hui, Danni Ma est une figure estimée dans le paysage cinématographique de Los Angeles. Leur travail capture l’essence des histoires, utilisant la lumière et l’ombre pour peindre sur le grand écran. Le parcours de Danni est un témoignage du pouvoir transformateur de la poursuite de ses rêves et de l’évolution en tant qu’artiste. En cinématographie, Danni Ma est une artiste visionnaire qui illumine les récits avec la lumière.
©2024 Isabelle Rouault-Röhlich
