

Comment vous est venue cette idée ?
The Freedom Tour est une histoire inspirée d’événements réels que j’ai vécus en Irak, en Afghanistan et en Iran. La plupart des films de guerre se concentrent sur des événements majeurs ou des héros décorés. Moi, je voulais raconter les histoires de mes amis proches qui ont fait le sacrifice ultime pour leur pays, mais dont les noms ne seront jamais gravés dans les livres, faute de médailles ou d’exploits décisifs.
Ce sont pourtant des héros. Je voulais aussi offrir au public une fenêtre sur mon monde. Dans l’armée, on accumule des histoires, grandes ou petites. Certaines sont incroyables – du moins pour nous – et je voulais en partager quelques-unes. J’ai ainsi combiné plusieurs événements vécus en une seule histoire : une mission militaire, la perte d’amis très proches, une rencontre marquante avec une célébrité en tournée USO… Bien sûr, certains éléments ont été exagérés pour les besoins dramatiques du film.
Avez-vous trouvé difficile de mêler romance et drame de guerre ?
Un peu, oui. Je voulais honorer mes frères d’armes sans perdre de vue le cœur du récit : le parcours des personnages principaux. Je me suis inspiré du film Larmes du soleil d’Antoine Fuqua, qui mêle très bien la romance entre Monica Bellucci et Bruce Willis à un contexte de guerre. J’ai essayé de reproduire ce style de narration.
Quelle est la partie la plus difficile à écrire dans les scènes d’action ?
En tant que scénariste débutant, je ne savais pas comment aborder ces séquences. Devais-je les décrire étape par étape pour le réalisateur ou rester vague ? Finalement, j’ai choisi le détail. Je voulais rester fidèle à ce qui s’était réellement passé et offrir une représentation authentique, surtout pour mes frères d’armes. Je ne voulais pas qu’ils décrochent à cause d’un manque de crédibilité.
Vous abordez des sujets complexes : la vie militaire, le monde artistique, les différences de milieu. Quel est votre message ?
Souvent, la société ne voit que l’uniforme. On oublie que les soldats sont des êtres humains avec les mêmes rêves que tout le monde : amour, famille, maison avec clôture blanche… Certains militaires servent si longtemps qu’ils ne savent plus quoi faire sans cette vie. Je voulais montrer qu’il y a une vie après l’armée, et que ces rêves sont réalisables.
Concernant le monde artistique, je pense que les célébrités cherchent aussi un peu de paix dans le chaos. Enfin, le choc de deux mondes – militaire et artistique – est réel. L’un vit dans le danger et l’absence prolongée, l’autre dans une exposition constante et des relations souvent compliquées. L’expérience racontée dans The Freedom Tour m’a inspiré une réflexion que je lui ai partagée :
“Toute ma vie, elle a fait partie de la mienne. Pendant un instant, j’ai fait partie de la sienne. Je ne l’ai pas vue comme la star de mes rêves d’adolescent, mais comme une femme, simplement.”
Depuis, je me suis toujours demandé : pourquoi le “gars ordinaire” ne pourrait-il pas finir avec la fille à la fin ?
Quels sont vos objectifs en tant qu’auteur, au-delà d’une adaptation au cinéma ?
Je veux continuer à raconter des histoires qui enseignent, inspirent et divertissent. Le public mérite des idées nouvelles, pas seulement des remakes. Je veux leur offrir des récits qui les marquent et leur donnent envie d’en voir plus.
Comment décririez-vous ce projet, si vous deviez le comparer à deux films ?
The Freedom Tour est un film du genre “ça pourrait vraiment arriver”. Je le comparerais à Larmes du soleil mais aussi à Pretty Woman. Il y a un peu des deux. Mais surtout, le film est basé sur des faits réels, ce qui lui donne une authenticité particulière.
Avez-vous d’autres projets en cours ?
Je travaille sur 2331, un film militaire sur la manière dont un soldat est réduit à ses quatre derniers chiffres de sécurité sociale – un thème que beaucoup de vétérans connaissent. Il y a aussi The Last Beginning, sur un policier qui tente de reconstruire sa vie après une tragédie, et Lies of A Nation.
Quelle est votre vision du cinéma post-COVID ?
Ma vision n’a pas changé : les gens aiment toujours sortir et se divertir, et quoi de mieux qu’une sortie ciné entre amis ou en famille ? Certes, les plateformes de streaming ont facilité l’accès aux films, mais je crois toujours à la magie de la salle. Nous, cinéastes, devons rappeler à notre public à quel point le cinéma peut être une expérience forte. Pour cela, il faut continuer à créer des histoires captivantes et innovantes.
BIO
Biographie de Amir Sultan Cole
Amir Sultan Cole est un scénariste américain d’origine afro-américaine et amérindienne. Il a grandi à Camden, dans le New Jersey, aux côtés de sa sœur aînée, élevé par sa mère, sa tante et ses grands-parents. Après le lycée, il a consacré la majeure partie de sa vie adulte au service de l’armée américaine, notamment dans l’infanterie et les bataillons de Rangers, recevant de nombreuses distinctions tout au long de sa carrière.
Retraité de l’armée en 2014, Amir est retourné dans le New Jersey où il a travaillé dans le secteur ferroviaire. Animé par une passion pour l’écriture, il s’est inscrit en 2022 à la Los Angeles Film School pour perfectionner ses compétences en scénarisation et en production cinématographique.
Aujourd’hui, Amir Sultan Cole puise dans ses expériences de vie, tant sur le champ de bataille qu’en dehors, pour créer des scénarios puissants et authentiques, à l’image de The Freedom Tour, qui a été récompensé au World Film Festival de Cannes.
